Les supporters de Nicolas Sarkozy sont invités à diffuser un argumentaire du candidat via les mailing listes de leurs enfants.
«Une petite maladresse rédactionnelle». C’est ainsi qu’un proche de l’UMP qualifie la bourde qui «s’est glissée» ce lundi dans «l’action du jour» des supporters de Nicolas Sarkozy.
«L'action du jour» ? C'est l’argumentaire à diffuser sans modération que les équipes de net-campagne du candidat envoient quotidiennement aux internautes membres de son comité de soutien. Les 120.887 personnes qui ont postulé en ligne pour faire partie des relais officiels de sa campagne ont reçu lundi cette consigne: «Faites lire le discours de Nicolas Sarkozy à la jeunesse (prononcé dimanche au Zénith à Paris, NDLR) aux jeunes de votre entourage et diffusez-le par mail via vos mailing listes ou celles de vos enfants».
Même si à l’UMP on se défend de toute incitation à puiser dans les adresses mails dans le dos des enfants, la formule passe mal. «Il aurait certainement fallu rajouter vos enfants en âge de voter, concède Yves Jégo, responsable du «club national des supporters» et auteur du texte. C’est une erreur de rédaction que je prends à mon compte mais si les mômes s’envoient par internet le discours de Sarkozy consacré à la jeunesse, je ne vois pas la République en danger». Et de préciser: «Cette proposition est destinée aux enfants qui le souhaitent, bien sûr. Ils ne s’agit pas de voler les mailings listes des enfants mais d’essayer de faire circuler ce discours aux jeunes. Il n’y a rien de choquant à inciter la jeunesse à lire un discours de Sarkozy».
Au delà de la «maladresse», un observateur de la net-campagne relève «la difficulté symptomatique de l’UMP, obligée de passer par le truchement des parents pour avoir accès aux jeunes». Selon lui, «cet argumentaire montre à quel point ce parti a du mal à s’adresser aux “vrais“ jeunes, ceux qui ne sont pas militants».
Au parti socialiste, où les équipes internet se montrent généralement beaucoup plus frileuses dans l’usage du net marketing, la méthode dérange. «Ça correspond à la posture que l’UMP a toujours eue, estime Benoît Thieulin, le patron du site desirsdavenir. Ils se saisissent de tous les outils à leur disposition sans se soucier des questions d’éthique. Nous avons fait le choix inverse, comme, par exemple, celui de ne pas acheter de mots-clés». Une pratique interdite depuis le 1er janvier et jusqu’à la fin de la présidentielle mais qui a prouvé, par le passé, son efficacité.