Pour entrer dans l'Union européenne, il y a des critères strictes à respecter et au premier rang, celui de la démocratie, de l'humanisme. Et en plus, si un Etat postulant se refuse de reconnaître un pays membre (Chypre en l'occurrence), comment peut-il renforcer une communauté d'Etats ayant les mêmes intérêts ? Sur le génocide arménien, la France le reconnaît en tant que tel, pas la Turquie, qui le nie formellement. Là encore, il ne peut y avoir autant de disparités quant à la conception du devoir de mémoire.
Mais plus généralement, car je ne souhaite pas stigmatiser la Turquie et encore moins le peuple turc, cela pose le problème de la fixation de frontières à l'Union européenne. Qui peut-on encore intégrer ? L'Ukraine, la Russie, Israël, etc. ?
En revanche, le fait que le Turquie soit un pays très peuplé et à majorité musulmane ne me dérange pas ; au contraire, son adhésion éviterait que l'Europe reste un "club chrétien" fermé. Sa place stratégique, en contact avec le Moyen Orient, peut être un atout pour la politique internationale de l'UE qu'il reste à construire.
Donc, oui à la Turquie, si elle daigne enfin respecter le b.a-ba. Si à la fin du processus, on se rend compte qu'il y a trop d'incompatibilités pour devenir membre, on peut lui proposer un partenariat privilégié : cf. la théorie des cercles.
Pour l'instant, Bruxelles a raison de geler les négociations. La Turquie devrait comprendre que l'Union européenne n'est pas seulement une communauté d'intérêts entre Etats, comme le Mercosur ou l'ALENA en Amérique. C'est avant tout une construction politique. Après, d'aucuns me diront que nous n'avons pas la même vision concernant cette construction...