Le 11e congrès de la Confédération européenne des syndicats (CES) marque un passage à l’offensive à un moment où les syndicats européens renforcent leur capacité à travailler ensemble au plan européen afin de promouvoir les intérêts des travailleurs.
Les syndicats se réunissent dans un contexte de changements de dirigeants dans deux grands Etats membres de l’UE, le Royaume-Uni et la France, ce qui aura inévitablement un impact sur l’orientation de la politique. L’UE s’efforce de sortir de la crise concernant le Traité constitutionnel et, bien que les perspectives économiques soient meilleures, les travailleurs eux-mêmes sont confrontés à l’insécurité croissante de l’emploi, aux fermetures d’usines et aux délocalisations à un moment où la mondialisation frappe l’industrie européenne et le marché du travail.
La CES passe dès à présent "A l’offensive pour plus d’Europe sociale, plus de solidarité, plus de développement durable". “Nous avons l’intention d’adopter une approche très proactive dans la promotion des intérêts des travailleurs. Au cours des dernières années, les syndicats ont généralement été poussés à la défensive en raison de la déréglementation, du néolibéralisme et du chômage élevé. Il est temps aujourd’hui de passer à l’offensive,” explique John Monks, Secrétaire général de la CES. “Ce Congrès marque une nouvelle étape dans l’édification du mouvement syndical européen, car il devient plus fort, plus cohérent et plus influent dans l’orientation de la politique européenne, afin de refléter les intérêts des travailleurs et de leurs familles dans l’UE et dans le monde.”
L’Europe est la seule région au monde à avoir un modèle social où la croissance économique est considérée comme un moyen d’améliorer les conditions de vie et de travail de tous les citoyens.
Mais les dirigeants de l’UE doivent en faire beaucoup plus pour le plein emploi, des emplois de bonne qualité, l’égalité des chances, la protection sociale et les droits fondamentaux, tout en reconnaissant que la consultation des travailleurs, le dialogue social et de puissants mécanismes de négociation collective jouent un rôle essentiel dans le renforcement de la compétitivité des entreprises européennes.
La CES regrette le manque actuel de progrès sur la dimension sociale du marché intérieur de l’UE, associé à la quasi absence de nouvelle législation sociale depuis 2001, ainsi que l’incapacité à assurer des services d’intérêt général essentiels.
La solidarité et la cohésion sociale permettent de faire face à la pauvreté et à la discrimination, et à tous les citoyens européens de vivre dans la dignité.
La CES intensifiera son action afin de mobiliser les travailleurs et de stimuler leur influence sur les décisions politiques majeures, comme elle l’a fait avec succès lors de la campagne contre la directive "Bolkestein" sur les services. Les syndicats prôneront le solidarité de l’UE à l’égard des pays en voie de développement dont les citoyens luttent pour améliorer leur niveau de vie.
Enfin, le développement durable est le seul moyen de créer une société combinant le souci de l’environnement et la prospérité. La CES incitera vivement l’UE à prendre des mesures strictes sur des questions telles que le changement climatique et l’utilisation de l’énergie durable, y compris les investissements dans les technologies vertes et de fortes réductions des émissions de gaz à effet de serre.
Le congrès est un événement majeur pour le mouvement syndical européen. Il rassemble quelque 1.000 délégués syndicaux représentant 81 organisations de 36 pays européens, soit un nombre total d’affiliés de plus 60 millions de travailleurs.