Militant dès sa jeunesse, Toni Negri adhère au PSI en 1956 et en reste membre jusqu’en 1963, tout en commençant à fréquenter des mouvements marxistes. En 1969, il fonde le groupuscule Potere Operaio et rejoint ensuite le mouvement autonome italien d’Autonomia OPeraia.
Arrêté en 1979, lors d’une campagne massive de répression du mouvement de contestation sociale, Toni Negri est accusé de complicité dans l’assassinat d’Aldo Moro. Il passe alors quatre ans et demi en prison préventive dans des quartiers haute sécurité. Condamné à 17 ans d’incarcération, il est néanmoins élu député en 1983 et peut être libéré grâce à son immunité parlementaire.
Il prend cependant la fuite en France où il rejoint la communauté déjà nombreuse des militants susceptés de lien avec les Brigades rouges. Pendant son exil, Toni Negri enseigne la science politique à l’uNiversité de Paris 8 - Saint Denis et participe déjà à de nombreuses revues de philosophie politique.
En 1997, il décide de retourner volontairement en Italie pour y purger la fin de sa peine. Après six ans détention, il bénéfice d’une libération définitive en 2003. Ses liens présumés avec les Brigades Rouges sont officiellement écartés.
Une autre vie débute alors pour ce philosophe spécialiste de Hegel et de Descartes, profondément influencé par les écoles post-structuralistes françaises. Avec la publication du livre Empire (écrit avec Michael Hart), il devient un intellectuel de référence écouté dans de nombreux pays du monde et par les réseaux altermondialistes.
Pour lui, les Etats-nations sont des objets dépassés par le phénomène de la mondialisation : " l’autonomie des politiques sociales et économiques des États-Nation est finie : tout doit être maintenant réglé en fonction des comptabilités et des équilibres du système financier mondial", écrit-il dans l’Empire.
Mais ce déclin des Etats n’implique pas la disparition totale du pouvoir politique. En effet, une nouvelle forme de souveraineté politique est apparue, que Hardt et Negri appellent l’Empire : " Au contraire de l’impérialisme, l’Empire n’établit pas de centre territorial du pouvoir et ne s’appuie pas sur des frontières ou des barrières fixées. C’est un appareil décentralisé et déterritorialisé de gouvernement, qui intègre progressivement l’espace du monde entier à l’intérieur de ses frontières ouvertes et en perpétuelle expansion. "
Cette situation nécessite de penser toute action à un niveau supérieur pour répondre aux nouveaux enjeux de l’action publique. C’est notamment pour cette raison que Toni Negri est un des plus chauds partisans de la construction européenne et qu’il choisit, en 2005, de soutenir le Traité constitionnel européen. Il explique ainsi dans le journal Libération, que le TCE est une occasion historique de "faire disparaître cette merde d’État-nation".
Développant aussi le concept de "multitude", Toni Negri reste attaché aux principes coopératistes et milite pour l’instauration d’un revenu minimum mondial qui serait la première pierre d’une "citoyenneté mondiale".
Toni Negri est l’auteur de nombreux ouvrages dont Exil (Mille et une nuits, 1997), Empire (en collaboration avec Michael Hardt, La Découverte, 2000), Multitude : guerre et démocratie à l’époque de l’Empire (en collaboration avec Michael Hardt, La Découverte, 2004) et goodbye mister socialism (Seuil, 2007).