L'affaire Clearstream, aussi désatreuse soit-elle pour l'image de notre pays et son bon fonctionnement, a au moins le mérite de montrer les dangers d'un régime où les membres du pouvoir exécutif peuvent user et abuser des services de l'Etat, sans que le peuple ait son mot à dire. Dans une démocratie digne de ce nom, il est inacceptable que quelques personnes disposent d'aussi larges pouvoirs tels que la direction des services secrets, sans que le moindre contrôle soit exercé sur leur action. C'est pourtant ce qui s'est produit en France, où le Premier ministre pour régler ses comptes personnels avec son turbulent ministre de l'Intérieur n'a pas hésité à recourir à la DGSE, qui est censée assurer la sécurité de tous les citoyens, et non les intérêts de quelques uns. Si un contrôle parlementaire était exercé sur la gestion des services secrets, comme c'est le cas dans d'autres pays européens, nous n'aurions pas eu à connaître une telle situation.
Mais c'est bien là le problème: en France, le Parlement qui est la voix même du peuple n'a qu'un rôle très limité! Alors qu'il devrait être le lieu où sont décidées les lois, ce n'est qu'une chambre d'enregistrement qui se contente de voter les projets de loi du gouvernement. Alors qu'il devrait être un lieu de débat, c'est le gouvernement qui fixe son ordre du jour. Alors que les citoyens souhaitent à juste titre que les dirigeants soient à l'écoute de leurs revendications et de leur volonté, notre régime politique entraîne exactement le contraire, avec un pouvoir affranchi du contrôle parlementaire. Les socialistes doivent donc inclure dans leur programme une refondation des institutions qui pourra permettre de redoner la parole au peuple.
Voici quelques propositions. Tout d'abord, le parlement doit retrouver le rôle qui est normalement le sien. En théorie, le parlement comme le gouvernement a l'initiative des lois, mais dans la pratique c'est le gouvernement qui est à l'origine de la plupart des lois (80%)! Il serait bon d'inverser la tendance.
On peut de plus s'interroger sur la composition du parlement. A-t-on véritablement besoin du Sénat ? Cette instance peut court-circuité les votes de l'Assemblée nationale, alors qu'elle seule est directement élue par le peuple, quand le Sénat est élu au suffrage universel indirect et avec un mode de scrutin tel que c'est un "temple de la droite". Supprimer le Sénat ferait donc du parlement un véritable représentant de la volonté du peuple.
Enfin, en ce qui concerne le pouvoir exécutif, certains proposent un régime où le président de la République n'aurait qu'un rôle honoifique (style reine d'Angleterre). Dès lors, le pouvoir exécutif ne serait plus assuré que par le premier ministre, choisi selon les voeux du parlement. Le problème, c'est qu'un tel type de régime a déjà existé en France avec la 4ème République, et que le résultat n'a été guère brillant... Ce qu'il faudrait c'est au contraire un régime où il n'y aurait plus de Premier ministre. Contrairement à ce que l'on peut penser, supprimer le poste de premier ministre ne renforce pas les pouvoirs du président, car celui-ci ne peut désormais plus faire n'importe quoi, étant privé de son "fusible".
Il est donc urgent de refonder nos institutions pour que les citoyens reprennent confiance en un pouvoir politique que la droite a totalement discrédité. Face aux "clearstreamers", nous devons réinventer une République enfin citoyenne!