Le Monde
L'UMP a annoncé, mercredi 5 décembre,"la suspension immédiate" du député UMP de l'Hérault, Jean-Pierre Grand, un partisan de Dominique de Villepin, pour avoir critiqué des propos tenus par Nicolas Sarkozy en Algérie.
Le chef de l'Etat a dénoncé lundi à Alger le système colonial et appelé à combattre à la fois le racisme, l'antisémitisme et l'islamophobie. M. Grand a regretté le lendemain des déclarations qui, selon lui, contribuent à "raviver le débat (...) à la veille du 5 décembre", journée "d'hommage, de mémoire à l'action de la France outre-mer et en particulier en Algérie". Le député a également rendu hommage à "l'amour des rapatriés pour leur terre et qui ont contribué pendant un siècle à l'œuvre civilisatrice de la France".
Le porte-parole de l'UMP Yves Jego a aussitôt menacé M. Grand d'exclusion, dénonçant des propos"inacceptables parce qu'un député de la majorité devrait éviter de commenter et de critiquer les propos du chef de l'Etat", alors que "celui-ci se trouve encore sur le sol algérien". M. Jego a également critiqué des propos "inexacts parce que la déclaration de Nicolas Sarkozy était beaucoup plus équilibrée que la charge de M. Grand ne le laisserait penser".
IL A "RÉCIDIVÉ", SELON PATRICK DEVEDJIAN
"Dans quelle République sommes-nous ? Dès que j'exprime mon opinion, on me menace d'exclusion. Qu'est-ce que c'est que cette évolution de la démocratie ?", a répondu, mercredi matin, M. Grand. Mais quelques heures plus tard, le secrétaire général du parti Patrick Devedjian annonçait, dans un communiqué, la suspension du député, en attendant que soit saisi le prochain bureau politique du parti. Il a notamment rappelé que le député de l'Hérault avait été une première fois menacé d'exclusion en octobre, après avoir dit qu'il était "plutôt tenté de soutenir" aux municipales de Montpellier la maire sortante socialiste, Hélène Mandroux. Alors que "ces [seuls] faits fonderaient une procédure d'exclusion" et que M. Grand était mis en demeure de récuser ses propos, il a "récidivé", écrit M. Devedjian, qui l'appelle à "un minimum de réserve dans son expression publique" concernant le président de la République, le gouvernement et l'UMP.
"Cette suspension, je la ressens comme un désaveu des propos qui ont été les miens", a réagi M. Grand, avant d'ajouter : "Il est étonnant, on peut dire inquiétant, qu'un député soit ainsi interpellé, blâmé, parce qu'il a fait connaître, sans agressivité, sans haine, presque gentiment, son sentiment sur l'œuvre de la France outre-mer durant un siècle."