PARIS (AFP) — Figure historique du mouvement trotskiste français, Pierre Lambert, de son vrai nom Pierre Boussel, candidat à la présidentielle en 1988, est mort mercredi à l'âge de 87 ans.
Ancien de la Résistance où il avait adopté son pseudonyme, ce représentant de la vieille garde du mouvement ouvrier a exercé une influence intellectuelle considérable sur l'extrême gauche française d'après-guerre.
En 2001, il avait eu l'occasion de revenir longuement sur le passage dans les rangs de son Organisation communiste internationale (OCI) de l'ancien Premier ministre socialiste Lionel Jospin , quand ce dernier fut contraint de reconnaître son passé trotskiste.
"Le camarade Pierre Lambert est décédé ce matin 16 janvier 2008 après avoir combattu jusqu'à ses dernières forces contre la maladie", a annoncé un communiqué de la section française du Secrétariat international de la IVe Internationale (trotskiste) publié mercredi, précisant qu'elle informerait "dans les prochaines heures" sur l'hommage qui lui sera rendu.
Une des trois branches du trotskisme français avec la Ligue Communiste révolutionnaire et Lutte Ouvrière, le courant animé par Pierre Lambert s'était fondu à la fin des années 80 dans le Mouvement pour un Parti des Travailleurs (MPPT), qui s'était transformé par la suite en Parti des Travailleurs (PT).
Né le 9 juin 1920 à Montreuil (Seine-Saint-Denis), fonctionnaire de la Caisse d'allocations familiales de Paris pendant des décennies, ce petit homme moustachu aux larges lunettes avait cofondé l'OCI en 1965.
Très impliquée dans le combat syndical, l'organisation exerce principalement son influence au sein de Force Ouvrière (FO).
Après mai 68, l'OCI va développer une puissante organisation de jeunesse, l'Alliance des Jeunes pour le Socialisme (AJS), qui lui permettra de prendre le contrôle de l'Union nationale des étudiants de France (UNEF). L'actuel député du PS Jean-Christophe Cambadélis en est alors le dirigeant.
En 1981, Pierre Lambert appelle à voter dès le premier tour de l'élection présidentielle pour François Mitterrand.
Mais l'organisation, souvent décriée pour son fonctionnement jugé secret et ultra-centralisé ainsi que sa pratique de l'entrisme, va connaître au cours des années 80 une crise liée au départ d'une partie de ses cadres vers le PS.
En 1985, Pierre Lambert fonde le MPPT - qui se transformera en 1991 en PT - dans le but de rassembler des militants d'origines diverses autour d'une charte axée sur "la reconnaissance de la lutte des classes, la laïcité de l'école et de l'Etat, l'abrogation des institutions antidémocratiques de la Ve République et l'indépendance réciproque des partis et des syndicats".
Candidat à l'élection présidentielle de 1988, il ne recueille que 116.648 de voix au premier tour, soit 0,38% des suffrages.
Pierre Lambert était père de trois enfants, dont François Boussel, ancien secrétaire général du syndicat général des journalistes FO, mort en février 1998.