Sur le fond, la stratégie du candidat de la droite est connue. Nous combattons l’analyse qui la sous-tend comme l’impasse démocratique et citoyenne à laquelle elle mène. Actant et entretenant depuis longtemps la banalisation des thèses de l’extrême-droite, le candidat de l’UMP braconne, et il ne s’en est jamais caché, sur les terres de celle-ci.
Là où nous attendrions d’un candidat démocrate et républicain qu’il fasse oeuvre de pédagogie politique sur son projet, et non de surenchère démagogique et électoraliste, Sarkozy, avec le plus grand cynisme, renforce et légitime les thèses frontistes.
De l’existence d’un prétendu "racisme anti- français" que Sarkozy ne récuse pas à "la France on l’aime ou on la quitte" érigé en slogan de campagne, tout porte à croire que la droite recouvre les mots et les attitudes qui étaient les siennes, quand, en 1998, en dépit de ses engagements, elle avait concédé des accords de majorité avec l’extrême-droite au moment de l’élection des éxecutifs régionaux.
La droite n’a jamais réalisé de "devoir" d’inventaire sur cette période. Pour preuve, la présence jamais remise en cause de "frontistes" parmi ses élus, qui, des années après leur transfuge du FN au RPR devenu UMP, à l’instar de Peyrat, Maire de Nice, déclarent encore et toujours, avoir "changé de parti mais pas d’idée".
Hier, un conseiller général UMP, poisson pilote d’une stratégie électorale suicidaire pour la démocratie, a apporté son parrainage à Jean Marie Le Pen. Le soir même, le président du FN se fendait d’un communiqué pour le remercier tout en saluant les propos de plusieurs membres de la direction de l’UMP, au premier rang desquels figurent ceux de Nicolas Sarkozy considérant que "J-M Le Pen devrait pouvoir être candidat..."
Alors de deux choses l’une. Ou bien l’UMP est sincère et considère la règle des 500 signatures comme inadaptée, ce qui n’est pas sans fondement, et dans ce cas, nous demandons pourquoi la droite n’est-elle pas revenu sur cette disposition alors qu’elle est au pouvoir depuis maintenant cinq ans, et pourquoi, disposant de plusieurs milliers d’élus, si brusquement elle se retrouve animée d’une volonté de pluralisme au-delà des règles, ses élus ne parrainent-t-ils pas la totalité des candidats qui n’ont pas encore leur 500 signatures ?
Ou bien, N.Sarkozy, par calcul électoral a sciemment prévu, voire entretenu, la progression des idées du FN sans réussir à en faire baisser le niveau électoral comme il l’avait prévu, et se retrouve donc aujourd’hui dans l’obligation d’organiser ouvertement les conditions du transfert des voix du FN vers son nom pour le second tour de l’élection présidentielle.
Si tel n’est pas le cas, l’UMP peut toujours prouver le contraire et réaffirmer son appartenance au camp des partis démocratiques et républicains en suspendant de ses rangs le conseiller général UMP qui a apporté son parrainage à J-M Le Pen.
L’UMP prouverait par cet acte symbolique et nécessaire, qu’elle ne joue pas avec le feu à la veille d’une échéance électorale majeure.
Pour les Français les raisons du 21 avril se sont multipliées et aggravées. Nous rappelons à l’UMP que l’histoire nous enseigne que les électeurs du FN ont toujours préféré l’original à la copie et que par conséquent c’est sur le terrain des idées, des valeurs et des programmes que le FN se combat et non par des magouilles électoralistes.
L’UMP face à ses choix porte désormais une responsabilité historique. En citoyen, nous exigeons une clarification rapide et à la hauteur des enjeux qu’incarne la crise démocratique que traverse notre pays.