Royal sonne la charge contre Bayrou et Sarkozy
PARIS (AP, mercredi 28 mars 2007) - Ségolène Royal dédouble ses coups: dans un entretien à "Libération" publié mercredi, la candidate socialiste sonne la charge contre François Bayrou qu'elle accuse de conduire à "l'immobilisme le plus absolu" et contre Nicolas Sarkozy dont elle épingle "l'échec" sur les banlieues et le dossier des sans-papiers, mettant chaque fois en regard ses propositions.
C'est d'abord à son rival de l'UDF qu'elle réserve ses flèches. "Son 'ni droite, ni gauche' masque l'immobilisme le plus absolu, le refus de dire clairement quelles sont les solutions qui seront apportées aux problèmes qui se posent au pays. L'immobilisme, c'est la poursuite de la situation actuelle dont les Français ne veulent plus", accuse-t-elle dans ce long entretien. "Il est tellement pris dans son filon ni droite ni gauche qu'on ne sait plus ce qu'il pense de rien", déplore-t-elle. Face à cela, "j'explique dès maintenant comment je vais m'y prendre, et à quelles priorités je vais m'attaquer", dit-elle.
Epinglant implicitement le rigorisme de François Bayrou sur la dette, elle estime que "si on n'investit dans rien, on meurt à petit feu". "Je veux investir dans les filières du futur", "l'innovation" et "la matière grise". Quant à la proposition du candidat UDF d'exonérer de charges sociales les entreprises qui créent deux nouveaux emplois, elle la juge "inadmissible" et "inopérante". "On ne donne pas les mêmes aides aux banques, à la grande distribution ou aux PME!", lance-t-elle, préconisant des "politiques sélectives" et du "sur-mesure" pour aider les entreprises et "mettre fin au saupoudrage des fonds publics".
Ségolène Royal s'attaque ensuite à son adversaire de l'UMP. Dans le dossier des sans-papiers, "il a trompé les gens. Il est responsable d'une politique qui a grossi le nombre des étrangers sans-papiers et pourtant non expulsables. Il a créé des zones de non-droit", fustige-t-elle. "C'est scandaleux dans un Etat de droit, et inhumain", peste-t-elle, proposant d'examiner les dossiers avec des "critères objectifs", avec "responsabilité" et "humanité", et pas "de façon aléatoire ou statistique".
Alors que Nicolas Sarkozy tarde à se rendre en banlieue, elle observe qu'il est "difficile d'incarner l'unité de la Nation si certains espaces du territoire sont inaccessibles". Sa gestion de la crise des banlieues est "un échec sur toute la ligne". "Il n'est pas capable de résoudre ces problèmes. Il y a une rupture profonde de confiance entre les jeunes de ces quartiers et lui".
Ségolène Royal défend par ailleurs ses positions controversées sur la Nation et le drapeau tricolore. "Il faut donner une réassurance sur l'identité nationale, qui a besoin d'être consolidée au moment où les Français s'inquiètent de la dilution de la Nation dans la mondialisation", répond-elle. Mais la Nation "n'est pas incompatible avec l'ouverture", ajoute-t-elle, se présentant comme une "Européenne résolue", "partisane d'une France ouverte au monde, internationaliste et généreuse".
En regard, elle épingle la proposition de Nicolas Sarkozy de créer un ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale. La Nation "n'est pas fondée sur les racines, l'ethnie, que sais-je, mais sur une idée", tance-t-elle. Quant au candidat du FN Jean-Marie Le Pen, "il confond nation et nationalisme", dit-elle. "Il y a donc une vraie confrontation des points de vue".