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 P-J Proudhon manifeste scientifique du prolétariat français

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Fabien

Fabien


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P-J Proudhon manifeste scientifique du prolétariat français Empty
MessageSujet: P-J Proudhon manifeste scientifique du prolétariat français   P-J Proudhon manifeste scientifique du prolétariat français EmptySam 8 Déc - 12:46

Pierre-Joseph Proudhon, né le 15 janvier 1809 à Besançon dans le Doubs et mort le 19 janvier 1865 à Passy, était un publiciste, économiste, sociologue et socialiste français, le premier à se qualifier d'anarchiste. Proudhon est célèbre pour sa fameuse citation « la propriété, c'est le vol ! dans son mémoire Qu'est ce que la propriété? Ou recherches sur le principe du droit et du gouvernement qui fut son premier ouvrage majeur, publié en 1840.
La publication de « Qu'est-ce que la propriété? » attire l'attention des autorités françaises mais aussi de Karl Marx qui entame une correspondance avec Proudhon. Les deux hommes s'influencent mutuellement ; ils se rencontrent à Paris où Marx est en exil. Leur amitié s’achève quand, en réponse à La Philosophie de la misère de Proudhon, Marx écrit La Misère de la philosophie. Au sein de l'Association internationale des travailleurs (première Internationale), il y eut une scission entre les anarchistes de Bakounine et ceux de Proudhon. Proudhon pensait que la propriété collective était indésirable et que la révolution sociale pouvait être atteinte pacifiquement.
Proudhon donna dans son Système des contradictions économiques publié en 1846 une explication de la société fondée sur l'existence de réalités contradictoires. Ainsi la propriété manifeste l'inégalité mais est l'objet même de la liberté, le machinisme accroit la productivité mais détruit l'artisanat et soumet le salarié, in fine la liberté elle-même est à la fois indispensable mais cause de l'inégalité. Ces contradictions sont éternelles et n'annoncent nullement l'autodestruction du capitalisme qu'aurait annoncé Marx.
Dans son livre « Les Confessions d’un révolutionnaire pour servir à l’histoire de la Révolution de Février », Proudhon écrit entre autres choses la fameuse phrase « l'anarchie c'est l'ordre sans le pouvoir ». Il tenta de créer une banque nationale qui donne des prêts sans intérêts, similaire d'une certaine façon aux mutuelles d'aujourd'hui.
Proudhon est le premier théoricien connu à se désigner lui-même comme un « anarchiste ». Il écrit dans Du Principe fédératif que « la notion d' "anarchie", en politique, est tout aussi rationnelle et positive qu'aucune autre .» Proudhon défendait la liberté individuelle contre toute force dominante : l'Église, la religion et toute espèce de dictature, l'individu ne doit jamais être sacrifié à l'intérêt général ou à la justice sociale.
Proudhon a une grande confiance dans la science économique, qu'il considère comme la seule qualifiée pour changer la société : « je persiste à croire que les questions sur Dieu, sur la destinée humaine, sur les idées, sur la certitude, en un mot, toutes les hautes questions de la philosophie font partie intégrante de la science économique, qui n’en est, après tout, que la réalisation extérieure ». Comme Fourier ou Saint-Simon, il affirme ainsi le primat de l’économie sur la politique.
Dans ses Contradictions économiques, Proudhon s’attache à montrer que l’économie est fondée sur des contradictions internes : ainsi, le machinisme allège la peine de l'ouvrier mais le met au chômage, la division du travail accroît la richesse sociale mais abrutit l'ouvrier, le crédit peut émanciper le travailleur mais n’est accordé qu’aux riches, la propriété foncière est le fondement même de la liberté, mais produit des privilèges.
La concurrence est de même contradictoire, d'un côté elle est injuste par ses effets (il lui prête de mener nécessairement au monopole) mais Proudhon l'accepte car elle est efficace et nécessairement opposée aux privilèges : « Par cela seul que l'ouvrier de l'administration n'a point de concurrence, qu'il n'est intéressé ni aux bénéfices, ni à la perte, qu'il n'est pas libre en un mot, sa productivité est nécessairement moindre et son service trop cher. ». Les dirigeants deviennent « par leur traitement (ndlr : leurs subventions), des aristocrates aussi coûteux qu'inutiles et les autres, les salariés, sont retenus à jamais dans une condition subalterne »
Face à ces contradictions qui sont éternelles, la révolution est vaine et il faut chercher une nouvelle façon de considérer les rapports économiques, fondée sur le droit et le contrat.
S'il se montre très critique envers l’économie capitaliste, le socialisme ne trouve pas davantage grâce dans ses écrits. Ce qu’il ne peut accepter, c'est l'utopie, qui, pour lui, conformément à l’étymologie, est un « lieu de nulle part » qui ne peut pas être. Or, le socialisme est une utopie : « seul, dans le vague de ses idées, il proteste contre l’unanimité du genre humain » ; aussi, « il n’y a point d’heure marquée pour lui ; il est condamné à un perpétuel ajournement ». Quand le capitalisme affirme que ce qui doit être est, le socialisme affirme que ce qui doit être n’est pas. Quand l’économie politique affirme que le travail est organisé, le socialisme utopique affirme qu’il faut l’organiser. Fidèle à la dialectique hégélienne dont il se prétend un grand adepte, Proudhon réfute ces deux conclusions ; il est d’avis que le travail s’organise. C’est qu’il n’admet pas l'hypothèse d’un état stationnaire : pour lui, la société évolue depuis la naissance du monde et évoluera jusqu’à la fin du monde. Par conséquent, il s’oppose aussi bien aux économistes classiques – qui décrivent les réalités du monde de l’époque sans penser qu’elles sont transitoires et qu’elles pourraient évoluer – qu’aux socialistes, pour qui l’avènement d’une société idéale marquera la fin de l’histoire.
Proudhon se veut l'apôtre d'une troisième voie, celle du socialisme scientifique, qui va prendre la forme de l’anarchie positive ou du fédéralisme autogestionnaire. Le fédéralisme autogestionnaire de Proudhon est fondé sur deux structures parallèles, l’une correspondant aux activités économiques, et l’autre au corps politique. Ces deux constructions doivent être distinctes mais coopérer. Sur le plan de la production, il s’agit d’une « démocratie économique mutualiste : les agriculteurs sont propriétaires d’une parcelle qu’ils exploitent, et ils s’associent avec d’autres au sein d’ensembles coopératifs, eux-mêmes inclus dans une fédération agricole. Le secteur industriel devrait, quant à lui, être composé de multiples propriétés collectives concurrentes entre elles mais associées en une même fédération industrielle. Des groupements d’unions de consommateurs formeraient un "syndicat de la production et de la consommation", chargé de la gestion du système, indépendamment de l’État. Proudhon ne s’arrête pas là : il imagine aussi une confédération qui regrouperaient tous les marchés du monde.
Sur le plan politique, la « démocratie politique fédérative » serait fondée sur des régions qui s’auto-administreraient – pour la France, une douzaine – et seraient associées pour former une république fédérale. L’échelon fédéral n’aurait "qu’un rôle d’institution, de création, d’installation, le moins possible d’exécution". Il y aurait 2 chambres : une Chambre des régions et une Chambre des professions. Le suffrage universel serait ainsi fondé sur une division régionale et socioprofessionnelle. Des nations pourraient former ensemble des confédérations. Ainsi, en 1863, Proudhon imagine une Europe confédérale dotée d’un budget, de diverses agences, d’une cour de justice et organisant un marché commun. Cette organisation ne peut être mise en place que grâce à la volonté des ouvriers et au temps. De la volonté, surtout : la pensée de Proudhon est fondée sur le contrat.
Dans ses premiers travaux, Proudhon analyse la nature et les problèmes d'une économie capitaliste. Bien que profondément critique du capitalisme, il objecte aussi aux socialistes contemporains qui idolâtrent le collectivisme. Dans des séries de commentaires, de Qu'est ce que la propriété ? (1840) jusqu'au posthume Théorie de la propriété (1863-64), il déclara d'abord que "la propriété c'est le vol", mais affirma in fine que "la propriété, c'est la liberté". Il expliqua alors que quand il disait que la propriété est du vol, il avait été compris à contre-sens : il désignait en fait les seuls propriétaires terriens oisifs qui, d'après lui, volent les profits aux travailleurs. Dans Théorie de la propriété, il affirme que la “propriété est la seule force qui puisse servir de contre-poids à l'État”. Ainsi, « Proudhon pouvait maintenir l’idée de propriété comme vol et en même temps en offrir une nouvelle définition comme liberté. Il y a possibilité perpétuelle d’abus, d’exploitation qui produit le vol. Mais simultanément la propriété est une création spontanée de la société et une défense contre le pouvoir insatiable de l’État. » Ainsi la propriété est la principale des contradictions éternelles qui explique la société.
En soutenant que la propriété est essentielle à la liberté, Proudhon renvoie non seulement au produit du travail de l'individu mais aussi au foyer du paysan ou de l'artisan, aux instruments de son commerce et au revenu qu'il perçoit de la vente de ses marchandises. Pour Proudhon – à la suite de Locke – la seule source légitime de propriété est le travail. Ce que chacun produit est sa propriété et rien d'autre. Il peut être considéré comme un socialiste libertaire puisqu'il plaida pour l’auto-gestion du travailleur et argua contre la possession capitaliste des moyens de production. Cependant, il rejeta la possession des produits du travail par la société . Proudhon exposait de nombreux arguments pour ne pas conférer des droits à la terre et au capital, arguments comprenant des raisons fondées sur la morale, l'économie, la politique et la liberté individuelle. Un de ses arguments était que de tels droits permettaient le profit, qui menait à son tour à l'instabilité sociale et à la guerre par la création de cycles d'endettement qui au final rendaient impossible le remboursement par le travail. Un autre argument était que cela produisait le « despotisme » et transformait les travailleurs en salariés sujets à l'autorité d'un chef.
Proudhon s'oppose à la propriété collective et à la propriété individuelle. Il les dénonce toutes les deux, cependant il abandonne finalement sa défense de la « possession » contre la « propriété » et justifie cette dernière comme mal nécessaire. Dans Théorie de la propriété, il maintient : « Or, en 1840, j'ai nié carrément le droit de propriété... pour le groupe comme pour l'individu, pour la nation comme pour le citoyen » mais ensuite il expose sa nouvelle théorie de la propriété. « La propriété est la plus grande force révolutionnaire qui existe et qui se puisse opposer au pouvoir » et « servir de contre-poids à la puissance publique, balancer l'État, par ce moyen assurer la liberté individuelle ; telle sera donc, dans le système politique, la fonction principale de la propriété. » (Théorie de la propriété). Cependant, bien qu'il soutienne maintenant la propriété de la terre (incluant le droit à l'héritage), il croit encore que la « propriété » devrait être distribuée plus égalitairement et limitée en taille afin qu'elle soit utilisée réellement par les individus, les familles et les associations de travailleurs. (Théorie de la propriété) Il supporte le droit d'héritage, défendu « comme un des fondements de la famille et de la société ». (Steward Edwards, Introduction to Selected Writings of P.J. Proudhon) Il refuse cependant de l'étendre au-delà des possessions personnelles arguant que sous la loi de l'association, la transmission de la richesse ne s'applique pas aux instruments de travail (Daniel Guerin Ni dieu ni maître)
Proudhon a une conception propre de l'exploitation : il y a exploitation en ce que le patron paye des forces de travail individuelles à ses ouvriers et recueille une force de travail collective supérieure. Ainsi, les 200 grenadiers qui ont érigé en un jour l'Obélisque sur la place de la Concorde ont accompli un travail que n'aurait pu accomplir un seul grenadier en 200 jours, mais son salaire aurait été la somme de ceux versés aux 200 grenadiers : le capitalisme ne paie pas la force immense qui résulte de l'union et de l'harmonie des travailleurs, de la convergence et de la simultanéité de leurs efforts
En conséquence de son opposition au profit, au travail salarié, à l'exploitation des travailleurs, ainsi qu'à la propriété publique, Proudhon rejette à la fois capitalisme et communisme. Il préconise l'association et adopte le terme de mutualisme pour son genre d’anarchisme, qui implique le contrôle des moyens de production par les travailleurs. Dans sa vision, des artisans indépendants, des paysans, et des coopératives échangeraient leurs produits sur un marché. Pour Proudhon, les usines et autres larges lieux de travail seraient dirigés par des syndicats fonctionnant par démocratie directe. L'État serait aboli ; à la place la société devrait être organisée par une fédération de « communes libres ». Proudhon se fait théoricien du fédéralisme.
Proudhon s'oppose à la taxation de l'intérêt et de la rente, mais ne cherche pas à les abolir par la loi (Solution du problème social, 1848-49). Il considère qu'une fois que les travailleurs auront organisé le crédit et le travail, de telles formes d'exploitation disparaîtront.
La théorie de Proudhon était révolutionnaire, mais sa révolution ne signifiait pas soulèvement violent ni guerre civile mais plutôt transformation de la société par l'avènement d'une classe moyenne. Cette transformation était essentiellement morale et demandait la plus haute éthique de la part de ceux qui recherchaient le changement. C'était une réforme monétaire combinée avec l'organisation contractuelle d'un crédit bancaire et d'associations de travailleurs que Proudhon propose d'utiliser comme levier pour provoquer l'organisation de la société selon de nouvelles lignes. Il ne prévoit ni ne suggère comment les institutions monétaires devraient gérer le problème de l'inflation et la nécessité d'allouer efficacement les ressources rares.
Proudhon désapprouve l'action révolutionnaire. Fils d'artisans, il se méfie de la classe ouvrière dont il redoute la violence et dénonce les « charlataneries » d'organisation totale et globale de la société.
« L'attachement de Proudhon à la liberté individuelle, qu'aucune forme d'organisation sociale doit supprimer, pour quelque raison que ce soit, lui a permis de percevoir mieux qu'aucun autre penseur socialiste les risques attachés au triomphe de l'État, du collectif ou de la communauté »[7].
Il critiqua les socialistes autoritaires comme le socialiste étatiste Louis Blanc. Proudhon rejette vivement l'idée d'un État centralisateur.
Il flétrit de même le communisme: « le communisme est synonyme de nihilisme, d'indivision, d'immobilité, de nuit, de silence » (Système des contradictions économiques) ; le système phalanstérien « ne renferme que bêtise et ignorance ».
Proudhon fit peu de critiques publiques de Karl Marx. On peut penser que c'est parce que du vivant de Proudhon Marx était peu connu hors de certains cercles.
C'est le livre Qu'est ce que la propriété ? qui aurait convaincu Marx que la propriété privée devait être abolie. Dans un de ses premiers travaux, La Sainte Famille, Marx écrit : « Non seulement Proudhon écrit dans l'intérêt du prolétariat, mais il est lui-même un prolétaire, un ouvrier. Son travail est un manifeste scientifique du prolétariat français. » Marx publia plus tard de sévères critiques contre Proudhon. Marx écrivit La Misère de la Philosophie pour réfuter La Philosophie de la misère de Proudhon. Dans certains aspects de son socialisme, Proudhon a été suivi par Michel Bakounine. Après la mort de Bakounine, le socialisme libertaire se divisa entre anarcho-communisme et collectivisme libertaire, avec des partisans notables tels que Pierre Kropotkine et Joseph Déjacque.
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